Cet article s’inspire de notre collection de Videocast en collaboration avec Olivier Sibony, auteur, expert en prise de décision stratégique et membre de la CrossKnowledge Faculty!
Dans le cadre des projets réalisés en équipe, les décisions prises en amont de leur lancement sont souvent décisives quant à leur réussite. Une forte collaboration entre les membres de l’équipe est l’un des ingrédients essentiels au succès d’un projet. Cependant, cela ne suffit pas : une planification rigoureuse vous facilitera grandement la vie, à vous et votre équipe. Voici quelques techniques à appliquer avant le lancement d’un projet pour augmenter vos chances de succès.
1. Utilisez la technique du « war-gaming » pour évaluer l’impact potentiel d’un plan stratégique
Lors de la conception d’un plan – qu’il s’agisse d’un plan marketing, d’une stratégie de vente ou du lancement d’un produit –, il est primordial d’envisager la réaction de la concurrence et d’être capable de se mettre à sa place. Planifier sans la prendre en considération est un piège que certains chercheurs nomment « competitor neglect ». C’est dans ce contexte que la technique du war gaming entre en jeu. Elle consiste à diviser une équipe en plusieurs groupes, chaque groupe jouant le rôle d’un concurrent. Leur but est de répondre à la question « Si nous étions un concurrent et que ce plan était mis en œuvre, que ferions-nous ? ». C’est une façon simple de réintégrer la concurrence dans l’équation lors d’une discussion stratégique, tout en garantissant la prise en compte des menaces potentielles que poseraient les concurrents.
2. Éviter l’illusion de la planification
Avant le lancement d’un nouveau projet, il est fréquent de réaliser des prévisions trop optimistes en termes d’efficacité et de rapidité d’exécution. C’est ce que l’on appelle l’illusion de la planification (ou planning fallacy). Dès que l’on planifie quelque chose, nous avons tendance à penser que tout se passera comme prévu, ce qui n’arrive que rarement ! Pour surmonter ce problème, essayez d’adopter un point de vue extérieur. La réalisation du projet est évidemment importante, mais il ne faut pas oublier que les personnes y prenant part auront naturellement un point de vue interne. Un point de vue extérieur implique les interrogations suivantes : « Comparons ce projet à tous nos autres projets semblables. Parmi eux, combien ont dépassé le budget alloué ? Combien ont été livrés en retard ? ». Cela permet aux acteurs du projet de se préparer à la possibilité d’un budget dépassé ou d’une livraison tardive. Avec un point de vue strictement interne, il est tentant de considérer son projet comme une exception. En adoptant un point de vue extérieur pour examiner les problèmes habituellement rencontrés sur des projets similaires, vous pourrez effectuer de meilleures prévisions.
3. Suivre une approche pre-mortem plutôt que post-mortem
Lorsqu’un projet échoue, il n’est pas rare d’entendre qu’il était voué à l’échec depuis le début. Comment éviter cela ? L’approche pre-mortem a été inventée par le psychologue Gary Klein. Elle repose sur l’idée que bien qu’il nous soit facile d’expliquer ce qu’il s’est produit dans le passé, imaginer et prédire le futur est une autre histoire.
En quoi cette approche consiste-t-elle ? Avant de prendre une décision importante, imaginez que vous êtes dans le futur et que cette décision s’est avérée être un désastre. Il s’agit d’envisager les choses sous un nouvel angle ; vous ne cherchez plus à deviner les potentielles raisons d’un échec futur, mais plutôt à énumérer les raisons pour lesquelles le projet n’a pas fonctionné. Cette astuce tend à nous rendre plus créatifs puisqu’il nous est plus facile d’expliquer le passer que d’imaginer le futur. Ce processus dévoilera les possibles raisons d’un échec, raisons que les membres de l’équipe n’auraient pu exprimer ou même déceler. Ces éléments en main, à vous de déterminer s’il s’agit de risques habituels que vous êtes prêt à prendre, ou si le projet est effectivement trop risqué.
En conclusion, effectuer une analyse pre-mortem pourrait être la meilleure façon d’éviter une analyse post-mortem à la fin d’un projet raté.